• Vivre de son tennis sur le circuit ATP: un vrai parcours du combattant

     

    Sur le site sport24.lefigaro.fr, le 26 novembre

    Vivre de son tennis sur le circuit ATP: un vrai parcours du combattant

    Avant d'intégrer un Top 100 mondial rémunérateur, les jeunes joueurs doivent s'extirper d'un ventre mou de tous les dangers où la concurrence est féroce. L'équipementier français Tecnifibre a lancé une initiative qui peut servir de tremplin.

    Le 29 octobre dernier, dans l'anonymat quasi-général, Jules Marie annonçait renoncer à a carrière de joueur professionnel. Fatigué de courir après les petits cachets dans des tournois de seconde zone (les tournois Future et Challenger), de frapper aux portes des sponsors et surtout de se débattre au-delà de la 300e place mondiale, le tennisman de Basse-Normandie de 24 ans a gonflé les rangs de l'armée des déçus qui ont renoncé à leur rêve. Alors qu'il lui fallait au moins 50.000 euros pour financer une saison sur le circuit, le Français n'a réussi à récolter que 20.000 euros sur les courts en 2014.

    «Les places sont bonnes et douillettes dans ce Top 100 et tant que les anciens ne sont pas foutus dehors, les jeunes galèrent pour décoller.»

    C'est en pensant à ce magma de joueurs vivotant entre la 100e et 300e place mondiale que l'équipementier français Tecnifibre a lancé le «Young Guns Contest», un challenge récompensant un jeune espoir par un chèque de 50.000 dollars à l'issue de la saison. Un joli tremplin pour prendre son envol. «Le circuit est de plus en plus compliqué pour les jeunes joueurs. Pour rentrer dans les 100 premiers, ce qui vous assure une participation aux tournois du Grand Chelem, les gars doivent cravacher dur, tout sacrifier, y compris leur confort en investissant beaucoup d'argent. Les places sont bonnes et douillettes dans ce Top 100 et tant que les anciens ne sont pas foutus dehors, les jeunes galèrent pour décoller», explique au Scan Sport Guillaume Ducruet, du service marketing de la marque.

    Partenaire officiel de l'ATP, la PME française spécialisée dans l'équipement sportif et notamment le cordage, a donc mis en concurrence quatre espoirs sur une saison: le Canadien Filip Peliwo (386e), le Japonais Hiroki Moriya (198e), l'Américain Denis Kudla (69e) et le Français Jules Marie (554e). Avec deux challenges à remplir: performer sur les courts mais aussi sur les réseaux sociaux pour se mettre en valeur. «On voulait les aider mais le but était aussi leur faire une petite piqûre pour les secouer un peu et leur faire comprendre que c'est maintenant qu'il fallait mettre un coup», enchaîne Guillaume Ducruet.

    «Dans ce ventre mou de l'ATP, les gars sont des morts de faim. On peut vite s'embourber, s'épuiser et renoncer si on n'a pas un moral d'acier.»

    Dans le dur, Jules Marie que nous avions rencontré il y a tout juste un an lorsqu'il avait été choisi pour être sparring-partner des stars du Masters de Londres, a finalement lâché prise à la mi-saison, préférant se consacrer à ses études de kiné. Un échec. «Dans ce ventre mou de l'ATP, les gars sont des morts de faim. On peut vite s'embourber, s'épuiser et renoncer si on n'a pas un moral d'acier, reconnait le dirigeant. Sans structure d'accompagnement, c'est très compliqué de franchir ce mur qui mène au Top 100. En plus, les garçons ont la pression parce qu'ils voient leurs parents se saigner sans promesse d'une réussite au bout. Mentalement, c'est épuisant.»

    Une saison sur le circuit c'est 50.000 euros de budget au minimum

    La semaine passée, pendant que les ténors du circuit s'affrontaient à Londres au Masters à Londres, Denis Kudla recevait le précieux chèque de 50.000 euros, devenant ainsi le premier lauréat de ce concours. Basé en Floride, ce 8e de finaliste est passé de la 150e place à la 69e en terminant la saison en boulet de canon après un début d'année médiocre. Un rang qui, s'il est maintenu dans les mois à venir, lui garantira l'accession directe dans les tableaux des tournois du Grand Chelem. L'assurance aussi de toucher un joli magot puisqu'une élimination dès le premier tour à Roland-Garros permet d'empocher 27.000 euros.

     

    «Ce gain va m'enlever un poids énorme en terme de stress financier. Je peux enfin jouer l'esprit libéré et se consacrer au jeu, rien qu'au jeu sans me dire: “Et si je ne gagne pas, comment je vais financer mon prochain tournoi ici où là?” J'entame une deuxième étape dans ma carrière où je vais pouvoir viser plus haut et vivre de mon métier en travaillant certains domaines qui demandent particulièrement du temps», nous confie ce fan de Federer qui vient de s'attacher les services de son propre entraîneur en quittant la Fédération américaine.

    Avoir un coach: 5.000 euros à débourser par mois

    Disposer d'un coach sur le circuit ATP est un privilège finalement assez rare et surtout coûteux 5.000 euros minimum par mois. Une somme à laquelle il faut ajouter les frais de déplacement, de nourriture et de logement. «C'est un luxe de travailler dans ces conditions mais c'est aussi un pas quasiment indispensable pour devenir un joueur de très haut niveau», souffle un responsable de l'ATP. Autant de contraintes qui expliquent pourquoi en France, la quasi-totalité de jeunes espoirs doivent se partager des entraîneurs avec le soutien de la Fédération avant d'espérer, un jour, voler de leurs propres ailes.

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