• Est-ce que le journal L'équipe fait passer des messages subliminaux et politiques? Les 3 exemples suivants permettent en tout cas de se poser la question.

    Le 4 novembre 2015, suite à un "air shot" du jeune américain Frances Tiafoe, le quotidien sportif proposait un titre qui laisse songeur: "Frances Tiafoe, le plus gros raté de l'année?". En effet, rédigé de la sorte, le titre indique que le raté c'est le joueur lui-même. Avec un verbe (par exemple "fait") à la place de la virgule, le sens serait plus juste et moins insultant. Il se trouve que ce titre malsain s'applique à un jeune noir-américain. Le journal L'équipe chercherait-il à dire quelque chose?

    L'équipe qualifie un joueur de "raté"

     

    Le 22 septembre 2015, L'équipe titrait "C'est quoi, un capitaine à la Noah" pour annoncer que le vainqueur de Roland Garros 1983 était de retour au poste de capitaine de l'équipe de France de Coupe Davis. Est-il pensable que le journaliste ait pu questionner de la sorte son lectorat sans avoir à l'esprit le doublon Noah/noix?

    Pour une personne qui passe un minimum de 35 heures par semaine à réfléchir à ce qu'elle écrit, on peut imaginer que non. Et le doublon Noah/noix appelle qu'on le veuille ou non le complément "de coco". Le fruit, les cocotiers, le Cameroun, le continent africain: le chemin de l'allusion colonialiste est tracé par le choix de ce titre qui s'appuie sur un jeu de mots qui fait de Yannick Noah un capitaine dénué de valeur.

    L'équipe ferait-elle passer des messages sublimino-politiques?

     

    La joueuse Sania Mirza a marqué l'histoire du jeu en devenant la première indienne à remporter un tournoi WTA, à se classer dans le top 30 en simple et à être n°1 mondiale en double. C'est historique pour son pays.

    Le 14 avril 2015, un journaliste de  L'équipe en a fait un article qu'il a choisi de titrer "Z'avez pas eu Mirza". La référence à la chanson de Nino Ferrer est évidente. La seule modification est la suppression phonétique du /v/ pour que "vu" devienne "eu". L'identification est ainsi quasiment complète.

    Le titre de l'article puise donc sa force évocatrice dans une comparaison avec un chien qui va "rendre fou" son maître, qui est traité de "sale bête" et qui est qualifié de "satané"! Pour évoquer les succès d'une tenniswoman, c'est radical et dangereux.

    Le texte de l'article semble être admiratif et élogieux. Mais chapeautées d'un tel titre, quel crédit accorder à toutes ces paillettes? Le journaliste a-t'il pleuré de joie à l'annonce des exploits de Sania?

    Sania Mirza   Sania Mirza


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